Mon grand-oncle Joseph FOURY (1888-1914),
classe 1908 matricule 1457 du recrutement de Clermont-Ferrand, disparu à Montigny (54)
Aujourd'hui, je vous propose de découvrir, à partir de ce cas concret, les démarches à accomplir afin de reconstituer le parcours d'un combattant de la première guerre mondiale.
1ère étape : les souvenirs de famille
Souvent anodins, ce sont néanmoins les éléments les plus attachants (briquets de tranchée, lettres officielles, correspondances privées, décorations...). Dans le meilleur des cas, le livret militaire existe encore et offre les bases des recherches dans l'état-civil. En revanche, les photographies, empruntes d'une forte valeur sentimentale, sont parfois sources d'erreurs et de confusion car celle-ci datent généralement de l'époque du service militaire. De même, les décorations militaires seront accueillies avec réserve car parfois non officielles (associatives) ou achetées dans le commerce.
Dans le cas présent, j'avais à ma disposition le texte d'une citation, une médaille militaire, une croix de guerre avec étoile d’argent et une photographie collée au document, le tout encadré.
J'avais également un exemplaire du livre d'or des Morts pour la France de Saint-Sauves, écrit au fil de la guerre par le chanoine VERDIER,
et dont la page 322 mentionnait :
"VII - Joseph FOURIS, des Chomettes.
Né le 14 mai 1888, il aurait eu, cette année, 31 ans. De la classe 1908, il avait fait son service au Puy, au 86ème régiment d'infanterie. Rappelé le 2 août 1914, il est allé rejoindre son dépôt. Il n'a écrit qu'une fois et il a dû périr dès les premiers engagements à Moronvillers, pense-t-on."
Enfin, un autre diplôme, signé par le Président de la République, Raymond POINCARÉ, rendant un hommage national et allégorique aux morts pour la France :
Mon grand oncle faisait partie des combattants morts lors des combats parmi les plus meurtriers de la grande guerre, ceux de l'été 1914, âpres engagements ayant provoqué au total la "disparition" pure et simple de près de 350.000 soldats. Sans sépulture véritable (la sépulture collective est encore la règle à cette époque et les formations sanitaires sont alors inadaptées), le deuil des familles des disparus se fit évidemment bien plus difficilement, malgré parfois l'apposition du nom ou de l'image de l'absent sur le caveau familial :
2ème étape : l'état-civil
Ayant une date de décès, le 14 août 1914, je partais à la recherche de l'acte de décès de mon grand oncle ; celui-ci étant disparu, cet acte semblait a priori inexistant. Je m’intéressais donc dans un premier temps à son acte de naissance ; connaissant son âge lors de son décès (26 ans) je retrouvais "à tâtons" et avec la chance qu'il soit né à Saint-Sauves cet acte :
3ème étape : les archives publiques
Grâce à des lectures salutaires, je découvrais rapidement l'existence du fichiers des morts pour la France, conservé par le Ministère des Anciens Combattants et victimes de guerre (Direction de la Mémoire, du patrimoine et des archives) et depuis accessible à tous sur le site internet Mémoire des Hommes. Je recevais le 16 juillet 2001 copie de la fiche de renseignements relative à mon grand oncle, conservée dans le fameux fichier :
Cette lettre m'informait également de l'ouverture d'une enquête sur le lieu de sépulture de Joseph FOURIS par la direction régionale des Anciens combattants de Lorraine Champagne-Ardenne [pole mémoire et patrimoine, rue du Chanoine Collin BP 51055 57036 METZ Cedex].
Je pouvais ensuite me rendre dans la mairie concernée pour y recevoir copie de l'acte de décès en question :
Par la suite, je pus également consulter aux archives départementales du Puy-de-Dôme [17 rue de Neyrat 63100 CLERMONT-FERRAND] le dossier de procédure (5 feuillets dont l'acte de disparition ci-dessous) du jugement déclaratif de décés prononcé par le tribunal civil d'Issoire le 7 juillet 1920.
Egalement aux Archives départementales du Puy de Dôme, je pouvais consulter un précieux document : le registre matricule ou état signalétique et des services (désormais consultable en ligne sur la plupart des sites internet des archives départementales). Ce registre porte mention des données d'état civil, du signalement, renseignements divers, degré d'instruction, détail des services, corps d'affectation, campagnes, blessures, citations, décorations éventuelles... Néanmoins, dans de nombreux cas, c'est un document lacunaire. Ainsi, la citation de mon grand-oncle n'a pas été retranscrite sur ce document de même que les circonstances de sa disparition ; en revanche, ce document remplace utilement le livret militaire lorsque celui-ci fait défaut... À consulter également aux archives départementales, pour les soldats rentrés, les dossiers de demande d'attribution de la carte d'ancien combattant qui comportent parfois des photos d'identité.
Le 17 octobre 2001, j'étais informé de la suite négative des recherches effectuées dans les archives des services de la direction régionale et du Ministère quant au lieu de sépulture ; le directeur régional adjoint, M. SCHMITT, me suggéra que "les restes mortels de ce militaire reposaient peut-être en tant qu'inconnu dans l'ossuaire de la nécropole Nationale la plus proche de son lieu de décès [Montigny Meurthe et Moselle] en l'occurrence la nécropole nationale de Badonviller." Cette nécropole, située au nord de Saint-Dié, a été créée en 1920 et s'étend sur 7.900 m2 ; 2.591 corps y reposent, répartis en 1.382 tombes et 1.209 en ossuaire. La majorité des morts tombés dans les combats des cols des Vosges sont inhumés dans cette nécropole. J’ai eu l’occasion de me rendre sur place à l’occasion du centenaire de la mort de mon grand oncle le 14 août 2014 :
Pour connaitre plus en détail les circonstances des batailles, le Service Historique de la Défense[Fort de Vincennes BP 107 00481 ARMÉES] détient les Journaux des Marches et Opérations (JMO) relatifs aux corps de troupe et aux grandes unités (consultables sur le site Mémoire des hommes). Outre le régiment d'affectation, il faut connaitre l’appartenance de ce régiment (brigade, division, corps d'armée...) ; ce site apporte une aide précieuse. Pour étudier une bataille précise, il convient d'utiliser en parallèle la nouvelle version du Géoportail de l'IGN où sont désormais disponibles les cartes d'état-major de la fin du XIXème siècle.
Lors de mon passage au ex-SHAT, j'ai également parcouru les premiers tomes des "armées françaises dans la grande guerre" (près de cent tomes au total), notamment les cartes des opérations.
Egalement pour obtenir copie du dossier médical d'un blessé, s'adresser au Service des Archives Médicales et Hospitalières des Armées [département exploitation 23 rue de Châteauroux BP 21105 - 87052 LIMOGES Cedex 2] - l'envoi d'un justificatif de filiation est nécessaire (le fonds est très lacunaire pour la période 1914-1915).
Afin d'obtenir copie des citations, il faut s'adresser au Centre des Archives du Personnel Militaire (ex-BCAAM) [Caserne Bernadotte 64023 PAU Cedex] en accompagnant la demande d'une copie de la page du registre matricule du militaire concerné.
Enfin, je cite les coordonnées du Comité International de la Croix Rouge [19, avenue de la Paix CH-1202 GENÈVE], organisme m'ayant permis de m'assurer de l'absence de dossier quant à une éventuelle captivité de mon grand oncle.
4ème étape : les associations et amicales
Suite à ces renseignements, je prenais contact avec des associations afin d'être conseillé dans l'orientation de mes recherches ; d'une activité fort inégale, les associations et amicales restent cependant des acteurs essentiels du devoir de mémoire et de sa diffusion.
Parmi les nombreuses associations contactées, je souhaite citer l'amicale des anciens de Verdun "Ceux de Verdun" [15 rue de Richelieu 75001 PARIS], amicale active imprégnée de la mémoire de la 1ère génération de ses membres combattants et dont la relève est assurée par des descendants dévoués et passionnés ; de même, lecomité national du Souvenir de Verdunet l'association nationale du Souvenir de la Bataille de Verdun[1 avenue du Corps Européen 55100 FLEURY DEVANT DOUAUMONT] sont très compétents, même sur des évènements hors de la région de Verdun. Le comité me fit notamment parvenir une copie partielle d'un document fort précieux : l'historique régimentaire du 86ème Régiment d'Infanterie. Généralement un simple opuscule, l'historique synthétise les campagnes auxquelles a pris part le régiment en question ; ainsi, la composition de l'état-major, les mouvements des troupes... peuvent être connues des profanes, à défaut du JMO. La plupart de ces historiques sont disponibles sur le site de la BNF Gallica (comme celui du 86ème R.I.). Une place à part doit être réservée au Souvenir Français; cette grande association, l'une des plus anciennes, est spécialisée dans la rénovation des carrés militaires et des monuments aux morts. Également, avec ses 1.400 comités répartis sur l'ensemble du territoire, le Souvenir Français tache de promouvoir le devoir de mémoire en direction des jeunes.Ainsi, cette organisation m'a permis d'obtenir des informations précises sur le lieu de la bataille où aurait disparu mon grand oncle. Le siège du Souvenir Français est situé au 9 rue de Clichy 75009 PARIS : une association incontournable dans ce domaine.
Enfin, citons la fédération nationale des fils des Morts pour la France [25 rue Lavoisier 75008 PARIS] ainsi que l'association nationale des croix de guerre et de la valeur militaire [Hôtel national des Invalides 129 rue de Grenelle 75007 PARIS]
5ème étape : les musées
Tout comme les associations, les musées sont forts nombreux et de qualité inégale quant à leurs collections et caractère scientifique ; les musées incontournables (et dont le centre de documentation est recommandé) restent l'Historial de la Grande Guerre [Château de Péronne BP 63 80201 PÉRONNE Cedex], le mémorial de Verdun[1 avenue du Corps Européen 55100 FLEURY DEVANT DOUAUMONT]et le musée de la grande Guerre du pays de Meaux [Rue Lazare Ponticelli 77100 MEAUX].
Le musée de l'Armée, à l'Hôtel National des Invalides (PARIS), est également conseillé pour la grande qualité et la richesse de ses collections.
6ème étape : les lieux de mémoire
Outre le monument aux morts communal et le caveau de famille, les lieux de mémoire restent les zones des combats. Non encore "enterrés" dans des tranchés, les fantassins de l'été 1914, habillés de l'uniforme garance, sont fauchés sous le feu ennemi dans des étendues à découvert ou les forêts vosgiennes ou encore disparaissent sous l'artillerie allemande.
Aussi, à l'exception des nécropoles et des ouvrages fortifiés "Séré de Rivières" ceinturant la cité d'Épinal depuis 1874,la plupart des lieux de mémoire de cette époque sont difficilement matérialisables.
7ème étape : la vulgarisation
La littérature est abondante sur le sujet ; cependant, nous pouvons utilement conseiller la lecture des ouvrages suivants (le centenaire de la grande guerre a été l’occasion de renouveler considérablement la production littéraire et universitaire sur le sujet) :
ENCYCLOPEDIE DE LA GRANDE GUERRE 1914-1918, sous la direction de Stéphane AUDOIN-ROUZEAU et Jean-Jacques BECKER, éditions Bayard, 2004 - ouvrage de référence sur le conflit
LE SOLDAT INCONNU VIVANT, de Jean-Yves LE NAOUR, éditions Hachette littératures, collection la vie quotidienne, 2002 - ouvrage original ; à travers le portrait de l'amnésique de Rodez, Anthelme MANGIN, offre des informations sur le "phénomène" des disparus et une réflexion sur le deuil impossible de leurs familles
14-18, RETROUVER LA GUERRE, de Stéphane AUDOUIN-ROUZEAU et Annette BECKER, éditions Gallimard, 2000 - l'un des ouvrages de qualité universitaire sur les enjeux de la mémoire de la première guerre mondiale
PENSER LA GRANDE GUERRE, d'Antoine PROST et Jay WINTER, éditions Seuil, 2004 - un bilan de l'étude et des interprétations de cette période
VOTRE ANCÊTRE DANS LA GRANDE GUERRE, de Yves BUFFETAUT, éditions Ysec, 2002 - l'essentiel pour mener à bien des recherches sur un aïeul ancien combattant, détaillé, complet, pédagogique...
LES POILUS, de Pierre MIQUEL, Collection Terre Humaine, éditions Plon, 2000 - spécialiste de la vulgarisation du sujet, professeur à la Sorbonne. Une synthèse attendue
LES SOLDATS DE LA GRANDE GUERRE, de Jacques MEYER, éditions Hachette littératures, collection la vie quotidienne, 1966 - la vie quotidienne des combattants racontée par un combattant de la grande guerre
TÉMOINS, de Jean-Norton CRU, Presses universitaires de Nancy, 1993 - une analyse -contestée- des témoignages publiés jusqu'en 1929 sur la Grande guerre. Un classique, subjectif... mais incontournable
CEUX DE 14, de Maurice GENEVOIX - un autre classique, "indémodable"
LA FLEUR AU FUSIL, de Jean GALTIER-BOISSIÉRE - toujours un classique, sur l'été 1914
ALAIN-FOURNIER ET SES COMPAGNONS D'ARME, de Frédéric ADAM, éditions Serpenoise, 2006 - très intéressant sur l'archéologie de la grande guerre
COMBATTRE ET MOURIR PENDANT LA GRANDE GUERRE, de Thierry HARDIER et JEan-François JAGIELSKI, éditions Imago, 2001
GUIDE PRATIQUE DES ANCIENS COMBATTANTS ET VICTIMES DE GUERRE, Tome III, collectif, éditions Lavauzelle, 1999- guide réalisé par le service juridique de l'Union National des Combattants, l'une des plus anciennes et actives associations d'anciens combattants
GUIDE DES CIMETIÈRES MILITAIRES EN FRANCE, de Catherine GRIVE-SANTINI, le cherche-midi éditeur, 1999 - un petit guide pour recenser et présenter les nécropoles nationales, pratique sur le terrain
LA GRANDE GUERRE SUR GRAND ECRAN, de Michel JACQUET, éditions Anovy, 2006 - un essai original sur les liens entre le cinéma et l'histoire
La nouvelle édition des guides Michelin sur les champs de batailles
Cette page de l'histoire a été évidement adaptée au cinéma, dont certaines oeuvres récentes méritent d'être visionnées : LA VIE ET RIEN D'AUTRE (1989), CAPITAINE CONAN (1996), LE PANTALON (1996), LA CHAMBRE DES OFFICIERS (2001)...sans parler des documentaires !
Enfin, à noter les publications de la Direction pour la Mémoire, le Patrimoine et les Archives du ministère de la Défense (collection Mémoire et citoyenneté). La lecture de la lettre mensuelle de la direction "les chemins de la Mémoire" est vivement conseillée (abonnement par courrier au Ministère de la Défense, D.M.P.A., 14 rue Saint-Dominique 00450 ARMÉES). La visite du site "les chemins de mémoire" est également recommandée.
La presse locale fournit des éléments intéressants tels que ces articles relatifs aux disparus de la Grande Guerre :
Concernant mon grand oncle, j'ai pu relever quelques éléments sur la bataille des frontières dont il prit part dans les livres de Gérard CANINI, LA LORRAINE DANS LA GUERRE DE 14-18 (Collection Lorraine, Presses Universitaires de Nancy, 1984) et de Jean-Paul CLAUDEL, LA BATAILLE DES FRONTIERES (éditions de l'Est, 1999).
8ème étape : l'étude du contexte
Le 86ème Régiment d'Infanterie ou "régiment Courten" s'est illustré sur tous les champs de bataille en France depuis sa création en 1791. Il est dissout le 18 juin 1815 à l'issue de la bataille de Waterloo. Le 86ème Régiment d'Infanterie de Ligne est reconstitué en 1855 à partir du 11ème Régiment d'Infanterie légère dont il prend la filiation (Sébastopol). Prenant garnison au Puy en Velay en 1881, à la caserne Romeuf, le régiment incorpore des hommes de la Haute-Loire, du Cantal et du Puy de Dôme avec le 38ème Régiment d'Infanterie de Saint-Étienne.
Suite à la mobilisation générale du 2 août 1914, le régiment, sous les ordres du colonel COUTURAUD, se prépare au départ en Lorraine. Le 5 août au soir, les trois bataillons traversent Le Puy, sous une pluie torrentielle et les ovations des nombreux badauds pour se rendre à la gare.
Par trois trains, le régiment quitte Le Puy pour débarquer à Darnieulles (8 km à l’ouest d'Épinal - Vosges) ; dans cette zone se concentre la 25ème division, et dont le 86ème et le 38ème R.I. forment la 49ème Brigade. Le tout appartient au 13ème Corps d'Armée qui compose la 1ère Armée commandée, en 1914, par le général DUBAIL et constitue l'un des principaux éléments du plan XVII. Selon ce plan, le généralissime JOFFRE établit que "la IIèmearmée, se couvrant face à Metz, agira offensivement en direction générale de Sarrebruck, sur le front Dieuze-Salins-Delme, en se reliant à la Ième armée dans la région des étangs".
Né le 15 avril 1851 à Belfort, le général de division Auguste Yvon Edmond DUBAIL fut capturé pendant la guerre de 1870. Professeur d’art militaire à Saint-Cyr, il commande du 2 août 1914 au 5 janvier 1915 le groupe d’armées de l’Est ; il devient par la suite gouverneur militaire de Paris et commandant supérieur de la défense du camp retranché jusqu’au 14 juin 1918 puis Grand chancelier de l'ordre de la Légion d’Honneur jusqu'à son décès le 7 janvier 1934.
En attendant que toutes les unités soient prêtes à partir vers la frontière, le régiment cantonne dans la région de Dompaire, Madonne et Damas, à une dizaine de kilomètres à l'ouest de la gare de débarquement. Là, les préparatifs sont poussés activement jusqu'au 9. Le 10 débute la campagne de Lorraine pour le régiment ; au matin, la division progresse difficilement, sous une chaleur torride, vers le nord-est, traversant la Moselle et le Canal de l'Est à Thaon-Les-Vosges, et vient cantonner dans la région de Domèvre-sur-Durbion et Badménil-aux-Bois (15 Km au nord d'Épinal). Le 11, la deuxième étape est moins longue et pénible : le régiment cantonne dans la région de Padoux et Bult (8 Km au sud-ouest de Rambervillers). Le 12, les troupes sont à Rambervillers où, au soir, les premiers blessés du 17ème RI et du 17ème bataillon de chasseurs racontent leur premier combat dans la région de Péxonne. Le 13, le régiment arrive dans la vallée de la Meurthe, traversée à Baccarat, et continue vers le nord-est jusqu'à Mervillers.
Dans cette région, le 86ème stationne en avant-postes, devant les villages de Péxonne, Saint-Maurice, Sainte-Pôle, Montigny, Vaxainville, et aperçoivent l'ennemi sur les crêtes. Le 14 août, JOFFRE lance son ordre d'attaque : "on attaquera l'ennemi partout où on le rencontrera" : la marche en avant est reprise en direction de Sarrebourg ; le 13ème Corps d'Armée progresse dans les plaines lorraines. À partir de Montigny, le régiment prend une formation d'approche pour se porter à l'attaque des crêtes au sud d'Ancerviller (côte 314 - sud de Couvay sur la carte d'état-major) et du bois des Haies, à l'est de ce village. Dès que les éléments de tête arrivent à la côte 314 (3ème bataillon), ils sont soumis au feu de l'artillerie ennemie. Ils continuent néanmoins leur progression jusqu'au bois des Haies où l'ennemi se retire vers la Lorraine annexée. Au soir du 14, après une bataille amère, le régiment stationne au nord-est d'Ancerviller mais les villages de Nonhigny, Harbouey... sont incendiés.
Dés la première journée de combat du 86ème Régiment d'Infanterie, les pertes sont élevées, particulièrement au 3ème bataillon (L'armée française dénombrera les pertes les plus élevées de toute la 1ère guerre mondiale, soit 329.000 pertes, pour la période août - septembre 1914).
Ainsi s'achève la participation de mon grand-oncle à la grande guerre.
Le 15 août, Cirey-sur-Vezouse et Bertrambois sont traversés sons une pluie battante. Le 16, le régiment traverse la frontière à Bertrambois et occupe Niderhoff (en Sarre Blanche) ; les 17 et 18, les troupes progressent sur Lorquin, la Neuveville-les-lorquin puis la Sarre Rouge et Nitting devant Sarrebourg avant de se replier le 20 août. Le 23, la ligne de front se fixe à Baccarat avant que ne débute la bataille de la Mortagne. Le secteur d'Ancerviller sera fortement bouleversé par la suite avec l'installation de la ligne de front et le percement des tranchées.
Batailles du 86ème régiment d’infanterie de 1914 à 1918 :
1914
Opérations des 1ère et 2ème Armées : bataille de Morhange et victoires de Lorraine : Sarrebourg, Lorquin, la Mortagne ; Ribécourt, Dreslincourt, Attiche
La course à la mer : Plessier-de-Roye, Lassigny
1915
Offensive en Artois (mai-juin) : le Bois Triangulaire (+ 18 décembre 1914)
1916
Bataille de Verdun : Vaux, Tavannes, Eix
Bataille de la Somme : Vermandovillers
1917
Verdun : Cote 304 (juillet - août)
1918
Marne : Châtillon-sur-Marne (30 mai), Bois de Courton (15-18 juillet) Marfaux (20 juillet)
Ardennes : Plateau de Soudans (29 septembre), Vouziers (13 octobre), Plateau des Alleux (3 novembre)
Le 86ème régiment d'infanterie sera dissout à l'issue de la guerre 1914/1918. Reconstitué à la mobilisation de 1939, il disparaîtra de nouveau après l'armistice. Le 86ème régiment d'infanterie reconstitué par les FFI participera à la libération de la France jusqu'à sa dissolution à la fin de la seconde guerre mondiale. De 1963 à 1966, la compagnie subdivisionnaire de Haute-Loire prendra l'appellation de 1ère compagnie du 86ème RI. De 1963 à 1979, le Centre Mobilisateur n°16 de Clermont Ferrand aura la garde du drapeau ; celui-ci porte les noms de ses campagnes : Lodi 1796, Passage du Tyrol 1797, Dresde 1813, Sébastopol 1855, Lorraine 1914, La Somme 1916, l'Aisne 1918, Champagne 1918, et est décoré de la croix de guerre 1914-1918 avec deux palmes et une étoile de vermeil , ainsi que la médaille d'or de la ville de Milan. Il porte également la fourragère aux couleurs de la croix de guerre. Ses traditions ont été relevées par le Régiment de soutien de l'École Nationale Technique des Sous Officier d'Active d'Issoire, école aujourd'hui dissoute.
État-major au 2 août 1914 :
Colonel COUTURAUD, Lieutenant-colonel BARRAL, Capitaine MOREL -adjoint au colonel, Lieutenant GUIGUET -officier des détails, Lieutenant GOMOT -officier d'approvisionnement, Lieutenant BERTHOMIER -officier téléphoniste, Lieutenant REYNAUD -porte drapeau, Médecin Major CANEL -chef de service, chef de musique RICHER, Lieutenant DENTZ -à la disposition du colonel.
1er bataillon : Chef de bataillon FENETRE, Lieutenant PANTALACCI -commandant la section de mitrailleuses, Médecin aide-major THEODAT
1ère compagnie : Capitaine GUICHARD, Sous-lieutenant DOMINIERE, Sous-lieutenant ENGLE, Sous-lieutenant BELAUBRE
2ème compagnie : Capitaine SOUQUES, Lieutenant AUSSEDAT, Sous-lieutenant De CHENERILLES, Sous-lieutenant CRESPE
3ème compagnie : Capitaine GIRARDET, Lieutenant CORNUT, Sous-lieutenant ROLLAND
4ème compagnie : Capitaine BLANCHARD, Sous-lieutenant GARNIER, Sous-lieutenant ELIE
2ème bataillon : Chef de bataillon OLIGSCHLAGER, Lieutenant MENGILHOU -commandant la section de mitrailleuses, Médecin aide-major NENON
5ème compagnie : Capitaine De SENGLA, Lieutenant HERMANT, Lieutenant GAZAN, Sous-lieutenant DUCLOS
6ème compagnie : Capitaine DEGOUTIN, Lieutenant MAGNIN, Lieutenant SAYN, Sous-lieutenant BONNET
7ème compagnie : Capitaine DORNE, Sous-lieutenant SORBIER, Sous-lieutenant CAMISOLLE
8ème compagnie : Capitaine CHAUMETON, Lieutenant CAILLET, Lieutenant GROSCOLAS
3ème bataillon : Chef de bataillon De SIGOYER, Lieutenant BASSET -commandant la section de mitrailleuses, Médecin aide-major ROUSSET
9ème compagnie : Capitaine BAUDELIN, Lieutenant JUILLET, Sous-lieutenant GUILLET, Sous-lieutenant DEGUIN
10ème compagnie : Capitaine PICHON, Lieutenant CHAILIER, Sous-lieutenant FREYDERE, Sous-lieutenant GROS.
11ème compagnie : Capitaine TONDEUR, Lieutenant SOUBRIER, Lieutenant GABRIEL, Sous-lieutenant COUSSERAN
12ème compagnie : Lieutenant DEVILLERS, Sous-lieutenant GOBILLOT
Thibault FOURIS